À Madagascar, lorsque les agences gouvernementales nationales ne disposent pas des ressources nécessaires pour gérer les aires marines protégées (AMP), la gestion peut être légalement transférée à des entités locales pour une cogestion par les membres des communautés et des organisations non gouvernementales (ONG) nationales ou internationales. Nous avons utilisé l'outil de gouvernance des ressources naturelles pour quantifier l'efficacité de la gouvernance de trois AMP dans le cadre de ce modèle de cogestion à Madagascar, en nous basant sur les attributs critiques d'autorité, de capacité et de pouvoir. Nous avons constaté que les groupes de gouvernance d'une AMP du sud-ouest, une zone soumise à une intense pression de pêche sur les récifs coralliens, possèdent des capacités modérées à faibles en matière de gestion des ressources marines en termes d'autorité (0.567), de capacité (0.638) et de pouvoir (0.49), ce qui indique un certain succès, mais aussi des marges de progression. En revanche, la capacité de gouvernance était particulièrement déficiente dans deux AMP du nord-ouest, comme en témoignent leur faible autorité, leurs scores de capacité négatifs et leur pouvoir insuffisant. Nous avons ensuite utilisé le système de classification basé sur la réglementation pour évaluer le niveau de protection des AMP. Nous avons constaté que, bien que les AMP comportent plusieurs zones selon les usages autorisés, les zones désignées pour l'extraction sont menacées par des activités d'exploitation et des violations récurrentes de la réglementation, ce qui suggère que l'application des règles n'offre qu'une protection modérée. Le principal facteur contribuant à ces infractions était l'application inadéquate de la réglementation par les groupes de gouvernance. Globalement, l'efficacité de la gouvernance locale des AMP à Madagascar est variable mais faible dans les cadres de cogestion étudiés ici, des améliorations significatives étant nécessaires en matière de capacité de gouvernance. Nous suggérons que chaque partie prenante soit responsable de la réalisation d'activités conformes à ses missions principales et correspondant à ses compétences, mais que les groupes de gouvernance des communautés locales restent le fondement de la gestion.